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Union Générale des
Travailleurs de Côte d'Ivoire
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Interview / Joseph Ebagnerin (SG adjoint de l'UGTCI) :
“Ce que nous attendons du Président Ouattara”

Mardi 27 Avril 2011
 

Les travailleurs de Côte d'Ivoire à l'instar de leurs collègues du monde entier célèbrent le dimanche 1er mai prochain, la fête du Travail édition 2011. Une commémoration qui intervient au moment où le pays sort d'une crise postélectorale sans précédent, avec comme corollaire la fermeture des entreprises et les arriérés de salaire des fonctionnaires. Le premier secrétaire général de l'UGTCI, M. Joseph Ebagnerin, affirme qu'il remettra au goût du jour leurs cahiers de doléances. Entretien.

Le Patriote : Le monde du travail commémore le dimanche 1er mai la fête du travail. Comment allez-vous organiser vous cette manifestation ?

Joseph Ebagnerin : Nous allons organiser notre traditionnel meeting dans la cour de l'Union Générale

des Travailleurs de Côte d'Ivoire (UGTCI) le dimanche 1er mai. Certes, nombre de nos militants ont quitté la ville d'Abidjan du fait de l'insécurité, mais nous estimons que d'ici dimanche ils seront des milliers à répondre à l'appel du Secrétaire de l'UGTCI, le camarade François Ade Mensah. Nous recevrons le ministre de la Fonction publique ou son représentant dans nos locaux. Et ce sera une occasion pour l'UGTCI, d'adresser les préoccupations des travailleurs de Côte d'Ivoire au gouvernement ivoirien.


LP : Y aura-t-il un défilé ?

JE : Pour le moment, nous organiserons un grand meeting. Mais si les autorités nous demandent de défiler, nous ne trouverons pas d'inconvénients. Dans ce cas, toutes les conditions sécuritaires seront réunies. C'est dire que nous serons encadrés par les hommes en treillis. En tout cas, nous attendons que les autorités nous situent. S'il est admis que nous rencontrons le président de la République sur l'esplanade du Palais Présidentiel au Plateau ou à l'hôtel du District ou encore au Golf hôtel nous ferons le déplacement et nous lui remettrons nos cahiers de doléances.

LP : Peut-on avoir une idée du contenu de ce cahier de doléances?

JE : Il y a la situation sociopolitique de la Côte d'Ivoire. Dans un premier temps, il y a un problème d'indice sécuritaire. Beaucoup de personnes ont perdu des biens. On fera également un grand un clin d'œil à ceux des nôtres qui sont décédés et des anonymes qui sont tombés durant cette crise postélectorale. Et nous rappellerons aussi aux Ivoiriens et à tous ceux qui vivent sur le territoire national que le Président Alassane Ouattara a lancé un message à la réconciliation et à la paix. A savoir qu'on se doit de parler, qu'on se doit d'oublier et de nous battre pour vivre ensemble. Cela dit, il faudra tout faire pour sécuriser la ville d'Abidjan et tout le pays. Mais il y a également un problème de relance économique. Plusieurs entreprises ont fermé, des travailleurs du secteur privé sont sans salaires et d'autres au chômage technique. Les employés du secteur public (fonctionnaires et agents de l'Etat) sont sans salaires depuis deux mois pour certains et trois mois pour d'autres. Heureusement qu'une promesse leur a été pour le paiement de ces arriérés de salaires. Un clin d'œil doit être aussi fait aux travailleurs du secteur privé. Il faut que leur situation soit également régularisée. Tous ces aspects militent pour la relance économique. Nous avons un autre problème majeur.

LP : Lequel ?

JE : C'est l'emploi des jeunes. Vous savez, lorsque les jeunes ne sont pas occupés et qu'ils ont pour activité principale la gestion des cabines téléphoniques, ils ont capacité de trouver une expression sur la base des canons et monter toute sorte de rébellion. Il faut faire la paix par rapport aux jeunes. On doit faire quelque chose pour cette jeunesse. Au niveau de l'école, il y a deux leviers importants : l'apprentissage et la formation professionnelle. A part ça, on a aussi les femmes qui sont de véritables agents de développement. Les difficultés qui sont les leurs au niveau du financement sont importantes. On doit pouvoir les aider. Bien entendu, il y a d'autres préoccupations qui ont fait l'objet de négociations avec les anciennes autorités et qui n'ont pas trouvé de solution. On remettra ces préoccupations non satisfaites au goût du jour pour que les nouvelles autorités puissent les prendre en compte. Et qu'elles puissent nous aider à trouver une solution à ces problèmes. Il y a un autre problème assez récurrent, c'est celui des travailleurs de Tomboukro : la fameuse plantation d'Etat. Ils ont passé toute leur vie à travailler. Il y a en qui sont à la retraite et qui attendent depuis le paiement de leur pension. Ils espèrent, puis désespèrent. Simplement le peu qu'on doit leur donner n'arrive pas. Ce n'est pas pour autant que ceux qui les aident ne s'enrichissent pas. On doit pouvoir gérer tous ces problèmes.

LP : Quand est-il de l'augmentation du SMIG ?

JE : Le dossier sur le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) est déjà bouclé. Mais en fait, on en parlera, parce que le drame serait qu'on fasse une commémoration sans parler du SMIG. On lui a trouvé un niveau. On a trouvé également un paramétrage. Car, on a pu comprendre que depuis que le SMIG a été instauré, on a fait des approches quelque peu mécaniques, mais ça ne répondait pas véritablement à nos besoins. Est-ce que vous pensez qu'avec 36.607 FCFA de SMIG quelqu'un peut véritablement vivre ; c'est de le mettre encore dans un ''sicobois'' (maisons en baraques). Et encore quand quelque part il est parti à 4h 30 mn du matin, c'est parce qu'il n'a pas pu payer le loyer de 5000 FCFA. Donc il est obligé de partir avant l'arrivée du propriétaire de maison. C'est un véritable problème. Mais il y a également le Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG) pour lequel on se bat. Sans oublier un autre dossier tout aussi important : la Reforme de la retraite au niveau de la Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale (CNPS). Il faut pouvoir payer les pensions substantielles. Mais, le travail a été fait depuis deux ans, on a dû attendre qu'on réagisse. Malheureusement, ce dossier est encore lent dans le circuit. Il y a également le code du travail et le statut général de la Fonction publique. A cela s'ajoute la situation du déblocage des salaires et de l'avancement à la Fonction publique. C'est toute une panoplie de réalités qu'on soumettra pour l'heure aux autorités du pays.

LP : Il nous revient de façon récurrente que le nouveau montant du SMIG s'élèverait à 120.000 FCFA. Quel commentaire ?

JE : Non ! Il n'en est rien. J'aurais pu vous annoncer le montant, c'est connu. Mais comme il relève des prérogatives du gouvernement et donc du Président de la République. Nous avons une approche, il est peut -être bien en deçà, mais un peu au-delà de la moitié de ce montant.

LP : La Côte d'Ivoire sort d'une crise postélectorale. Dans quel état d'esprit vous commémorez la fête du 1er mai, édition 2011.

JE : On doit faire en sorte d'honorer tous ceux qui sont tombés durant cette crise postélectorale. De nombreux travailleurs ont perdu la vie à Abidjan. Véritablement, on va honorer nos morts. Mais la difficulté à l'UGTCI c'est que les appels lancés et les déclarations n'ont pas trouvé un écho favorable. On fait l'économie d'une guerre par le fait qu'on dialogue, mais quoiqu'on fasse après la guerre on est obligé de dialoguer. Il y a quelqu'un qui se trouve être l'auteur de la Côte d'Ivoire moderne qui a dit qu'à un moment donné certains comprennent. Il n'y a pas plus sourd que ceux qui ne veulent pas entendre. Parce que les réalités sont là aujourd'hui et elles sont criantes. Les conclusions que nous avons tirées, sont désastreuses. Elles sont à la fois humaines et économiques. Il était important qu'à un certain moment la sagesse nous habite. Et puis qu'à un certain niveau, on ait trouvé une capacité de dire la vérité. Il y a eu assez de gâchis. Je pense que si véritablement on a de la conscience, on doit pouvoir se dire qu'il ne faut que plus jamais que cela arrive. C'est un 1er Mai dans le sens de l'hommage, c'est également un 1er Mai dans le cadre de l'espoir. La Côte d'Ivoire reste un pays prisé, c'est le paradoxe. Toutes les personnalités étrangères qui sont venues nous apporter leur assistance ne l'ont jamais fait dans le cadre d'autres conflits. Parce que les personnes étrangères qu'on a vues en Côte d'Ivoire sont assez significatives de la valeur que représente notre pays. Donc, pour demain que ce qu'on a commis ne se reproduise plus. Que l'on comprenne que c'est parce qu'on se remettra au travail sur la base de la confiance entre Ivoiriens qu'on va pouvoir retrouver en 1980 ce qu'on a appelé le ''miracle ivoirien''. Il n'y a pas de raison qu'on ne réussisse pas. Il faut être persévérant, avoir de l'abnégation et avoir la volonté d'y croire. Parce que là, on est obligé de forcer le destin.

LP : Par rapport à la satisfaction des revendications des travailleurs, avez-vous donné un moratoire aux nouvelles autorités ?

JE : Oui. On a, enfin, la positon des enfants vis-vis des parents. Souvent quand on réclame, on ne connaît peut-être pas le contenu de son porte feuille. Notre souhait, qu'on nous dise comment on entend les régler. On est partant pour tous les moratoires. Pourvu que véritablement en face, on respecte les engagements qu'on prend. C'est souvent le fait de différer l'exécution de nombres d'accords qui a crée la nébuleuse. Si aujourd'hui on constate qu'il y a une autorité qui dit voilà le moratoire, voilà le chronogramme, nous n'avons aucun problème. Je crois que c'est dans ce cadre qu'on gèrera l'ensemble de nos attentes. Ce sera beaucoup plus facile, parce qu'il y a trop de choses à faire en même temps.


Interview réalisée
par Anzoumana Cissé

 
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